C'est intéressant, pcq justement je pense qu'il y a une divergence entre l'esthétique des avancés (qui sont initiés à la logique interne de la discipline et sont capable d'évaluer à la fois la difficulté et l'efficacité) et l'esthétique des débutants ou des néophytes (qui n'ont pas les mêmes outils d'analyse).
Selon moi, là où l'initié goutera avec plaisir le sens stratégique, la science de la feinte, le non initié ne verra qu'hésitation ou attente et coups saccadés. Je pense par exemple qu'un contreur ne sera pas facilement considéré comme esthétique, à moins qu'il ne se rattrape avec une expressivité autre. Or à partir d'un certain niveau, le contre tient de l'art. Mais "à partir d'un certain niveau".
A l'inverse, là où un non-initié verra du mouvement, de l'ampleur, du rythme, un avancé risque de voir une perte d'energie inutile, une lenteur de bras, et une régularité sans changement de rythme donc inappropriée.
Une première question ne serait-elle pas "Pour qui voulons nous faire du style?"
La canne s'est éloignée d'une pragmatique méthode de défense en se codifiant en tant que sport de combat (perdant de fait un éventuel aspect martial, puisque la notion de guerre et de mort en est écarté), cela lui a permis d'émerger comme système sportif d'une grande technicité, alliant rigueur technique, exigence physique et .symbolique morale.
Maintenant, beaucoup de gens ont visiblement été sensible à une certaine esthétique. Non pas celle de l'efficacité martiale qui n'est plus de mise, ni celle de l'efficacité sportive qui n'est pas toujours accessible au profane mais la simple esthétique grand public, celle des films d'action qui ne se préoccupe pas toujours de réalisme, mais éventuellement de vraisemblance. De la même manière que la canne de défense va forcément devoir écorner le règlement d'arbitrage pour retrouver une certaine réalité du terrain, je pense que si une canne artistique elle devra aussi s'abstraire d'un certain nombre de contraintes techniques. La question reste à quel point? Et quels sont les fondamentaux qu'elle saura réinterpréter pour apporter autre chose.
Par exemple, si compétition de style il y a et que l'on veut revenir sur un notion de vraissemblance de combat, est-ce qu'il ne faudrait pas proposer une méthode pour "jouer" ou "interpréter" le fait de se faire toucher. Un latéral tête m'assommerait, il ne tient qu'à moi de me jeter à terre pour aller au bout du spectacle, même si c'est pour me relever et continuer (comme tout bon héros de série américaine qui vient de tomber par la fenêtre suite à l'explosion d'une grenade). Il me semble que Benjamin (Latt) avait proposé quelque chose comme ça pour la touche en or.